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Jón Kalman Stefánsson

Baradoz hag Ifern (Himnaríki og helvíti / Entre ciel et terre) de Jón Kalman Stefánsson

Baradoz hag Ifern (Himnaríki og helvíti / Entre ciel et terre) de Jón Kalman Stefánsson

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// Roman // Histoire // parution :  2007, traduction en breton 2019 par Mich Beyer et Ólöf Pétursdóttir // 234 pages // éditions An Alarc'h // 

Publié en 2007, Entre ciel et terre est le premier volume d'une trilogie romanesque de Jón Kalman Stefánsson qui a connu un tel succès en France qu'il a donné lieu à un feuilleton radiophonique.

Un jeune marin traverse le pays, porteur d'un livre qui a causé la perte de son meilleur ami. De cette trame minimaliste,  Jón Kalman, brosse une fresque poétique et existentielle.

Mich Beyer, enseignante et écrivaine de langue bretonne, et Ólöf Pétursdóttir, traductrice, spécialiste en culture celtique et en littérature islandaise moderne et ancienne, ont signé une traduction en breton du roman.

La galerie Ísland les a interrogées sur ce travail. 

  • C'est la première fois que vous travaillez ensemble ; qu’est-ce que qui vous a amenées à cette collaboration ?  

Mich Beyer : En lisant la trilogie je m’étais dit tout de suite que ça devait être traduit en breton. Donc j’avais contacté Ólöf qui avait été emballée par l’idée. Assez vite on avait vu que son breton, bien qu’excellent à l’oral, était un peu insuffisant pour rendre compte du niveau littéraire très élevé de Jon Kalman. On a donc décidé de travailler ensemble, elle traduisant et moi retravaillant son texte avec l’aide de la traduction géniale d’Éric Boury. Je me suis aussi appuyée pour plus de sécurité sur le texte original, phrase par phrase, dont je cherchais la traduction littérale avec les dicos. Travail artisanal !

Ólöf Pétursdóttir : En effet, Mich est une vraie écrivaine bretonne, et elle assimile vite l’islandais. En réalité, ces deux cultures et mondes linguistiques sont proches, surtout à l’époque de ce roman. Il est vrai aussi que mon breton sommaire n’aurait pas eu sa place dans le texte breton, mais au moins, je suis capable de détecter un léger malentendu ou un écart entre la traduction en breton du texte français et celle recherchée pour la traduction de l’islandais. 

  • Pourquoi le choix de ce roman, parmi la profusion de titres édités en Islande chaque année ?

MB : Ce n’était même pas un choix, juste la rencontre avec ce texte qui m’a totalement emballée.  Je voulais le voir traduit parce que j’étais sûre qu’il allait « parler » profondément aux lecteurs brittophones. Par la description des conditions de vie de l’époque, le rapport avec la nature, la mer entre autres, les relations humaines, le style poétique... Je savais aussi qu’il y a ici pas mal de fans absolus de Jon Kalman. Et moi qui lis pas mal de romans islandais, je le mets tout au-dessus de la pile !

ÓP : En effet, ce sont des mondes proches et une atmosphère similaire. Jón Kalman aurait tout aussi bien pu être un jeune auteur breton !

  • Comment avez-vous procédé pour vous répartir le travail ?  

MB : Pas vraiment de répartition prévue à l’avance, mais des allers et retours, par mails, entre les propositions d’Ólöf et les miennes, sur le choix de tel ou tel terme, sur la ponctuation, l’emploi des temps (un domaine assez complexe et exigeant en breton), le choix de certaines expressions imagées propres au breton, etc...

  • Plus précisément, quelles sont les particularités grammaticales à prendre en compte ?

ÓP : La syntaxe est très libre en islandais, l’emploi des temps aussi. Il fallait simplement respecter le sens des phrases mais pas forcément leur forme.

  • À ma connaissance, le vouvoiement n’existe pas en islandais mais existe en Breton. L’avez-vous introduit dans le texte breton ? Si oui, selon quels principes ?  

ÓP : Le vouvoiement existait en Islande à cette époque [celle de l'histoire du roman]. Pour la forme, il s’agit en fait du duel plutôt que du pluriel. Il n’est pas du tout équivalent au vouvoiement breton.

MB : Ce dernier est fichtrement complexe à l’oral et dépendant à la fois des rapports entre les gens (homme/femme/enfant/statut social...) et des régions/terroirs. J’ai opté pour le tutoiement la plupart du temps, plus simple.

  • La structure de chacune des deux langues pose-t-elle d’autres difficultés de traduction (d’ordre grammatical, de champ lexical etc. ) de l’une vers l’autre ?

MB : Au niveau lexical pas vraiment de problèmes, sauf sur une ou deux espèces de poissons, les locaux d’habitation... rien d’insoluble, on adapte ou on ajoute une note de bas de page. En termes de structure des phrases c’est plus complexe et c’est en partie là-dessus que j’ai travaillé parce qu’il nous faut aussi toujours éviter que la structure du français ne s’insinue.

ÓP : Justement, méfions-nous de la structure du français. L’islandais est bien plus aéré, bien plus maniable, avec sa tradition de phrases courtes alignées l’une après l’autre plutôt qu’affixées à l’aide de prépositions, d’adverbes etc. pour donner une sorte de serpent marin qui ne ferait pas l’affaire en breton non plus.

Pour ce qui est du vocabulaire de la navigation, celui qui existe en breton semble surtout emprunter au norrois/vieil islandais. Pour ce qui est de la forme de la tradition orale, elle est plus ou moins pareille en Islande et en Bretagne, voire dans tout l'arc Atlantique.

  • Avez-vous prévu de traduire les autres livres de la trilogie et/ou d’autres romans ou ouvrages islandais ?

MB : C'est plus que prévu, on commencé la traducion du 2ème (Harmur Englanna) ! Je n’y pensais pas vraiment, mais il se trouve qu’il y a eu de la demande...

ÓP : En effet ! Affaire à suivre. Il faut préciser que chaque volume de la trilogie est indépendant des autres. On peut en lire un ou deux ou trois, dans n’importe quel ordre.

  • Au-delà de la réception de cette première traduction, qu'est-ce qui vous donne envie de poursuivre ? 

MB : Je trouve passionnant ce travail à deux, assez peu répandu parmi les traducteurs brittophones, mais que j’estime nécessaire dès qu’il s’agit de langues peu répandues, ou minorisées. Ça prend davantage de temps, ça demande des échanges continuels, des remises en question, mais je crois qu’on y gagne beaucoup à la fois sur la fidélité au texte original et sur le naturel de la traduction. Il faut que les lecteurs se sentent à la fois transportés ailleurs par l’histoire, et chez eux par la langue de traduction.

ÓP : Totalement d’accord, l’essentiel, c’est que le lecteur trouve son bonheur.

 (1) qui compte également La Tristesse des anges (2011) et Le Cœur de l'homme (2013), traduits par Éric Boury et publiés par Gallimard.

 

 

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