Les "fermes à sang" : l'enfer des juments au service de l'élevage européen

Les "fermes à sang" : l'enfer des juments au service de l'élevage européen

Les chevaux occupent la place noble dans le bestiaire islandais. Connus pour leurs cinq allures et notamment le très confortable et rapide tölt, ils n'échappent pas, pour autant, au cynisme de l'exploitation humaine. Outre le développement d'organismes de randonnée équestre qui ne sont pas tous très recommandables, l'Islande a aussi à son actif, depuis 1979, les très sordides "fermes à sang". 

En novembre 2021, l’Autorité alimentaire et vétérinaire islandaise a publié un rapport recensant plus de 120 de ces fermes, dans lesquelles sont saignées plus de 5 000 juments (chiffre qui a plus que triplé en dix ans). Inséminées artificiellement, elles sont ensuite délestées de 5 litres de sang par semaine (soit 15% de leur volume sanguin), via une canule plantée dans la jugulaire. Évidemment affaiblies par un tel traitement qui dure 3 mois, elles meurent le plus souvent d'épuisement, de leurs blessures et d'autres mauvais traitements. Les poulains, eux, sont envoyés à l'abattoir peu après leur naissance...

La Fondation pour le bien-être animal a publié en 2023 une enquête sous couverture attestant de ces pratiques et de nombreux autres actes de cruauté sur les juments. 

Pourquoi de telles pratiques barbares ? Pour satisfaire les consommateurices et client.e.s de l'élevage intensif européen, lequel utilise l'hormone PMSG (également appelée eCG) produite par les juments gestantes pour l'inoculer aux truies, vaches, brebis, chèvres et lapines, et ainsi augmenter et surtout coordonner leurs périodes d'ovulation... et donc la rentabilité de ces élevages. 

Lors d'une enquête sur place du journal britannique The Guardian, Rósa Líf Darradóttir, médecin et propriétaire de chevaux à Reykjavik déclarait : "J'aimerais que les gens sachent que l'Islande poignarde réellement des juments enceintes semi-sauvages, prélève leur sang dans des volumes et à une fréquence extrêmes, juste pour... que les porcs aient plus de porcs".

L'Islande est le seul pays européen, et l'un des trois au monde (avec l’Argentine et l’Uruguay) à maintenir cette pratique et si le gouvernement a pris acte du problème, notamment au regard du droit européen, le laboratoire pharmaceutique Ísteka a efficacement fait jouer ses lobbyistes et aucune mesure sérieuse n'a été prise jusqu'à présent, le nombre de prélèvements ayant été maintenu à 8, après qu'une réduction à 6 ait été envisagée. De son propre aveu, l'autorité islandaise de l'alimentation et de la médecine vétérinaire (MAST) n'a les moyens de visiter que moins de la moitié des fermes à sang chaque année. Les abus ont donc les coudées franches.

Pourtant, la population islandaise est majoritairement opposée à ces pratiques et le Parti du peuple avait déposé un projet de loi visant à les interdire.

L’association Welfarm a lancé un appel pour faire interdire les importations de cette hormone dans l’Union européenne et des pétitions sont lancées en ce sens. 

Mais la balle est également dans le camp des consommateurices européen.ne.s, qui font le choix de cautionner - ou non - de telles pratiques via leurs choix alimentaires. 


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