Des désaccords persistants concernant la politique étrangère, le droit d'asile et la stratégie énergétique ont eu raison de l’attelage improbable constitué en 2021 par le Parti de l'indépendance, le Parti du progrès (tous deux conservateurs) et le Mouvement des verts et de la gauche. Après la démission en avril dernier de Katrín Jakobsdóttir, la première ministre du MVG qui s’est présentée aux présidentielles du 1er juin (et a perdu face à Halla Tómasdóttir), et un bref passage dans cette fonction de l’impopulaire Bjarni Benediktsson, inoxydable politicien du Parti de l’Indépendance mis en cause dans les Panama papers, les islandais·es ont voté le 30 novembre pour les législatives – avec un taux de participation qui dépasse les 80%.
Selon une règle démocratique inconnue en France, c’est le parti arrivé en tête, Alliance (social démocrate, classé au centre gauche) qui a été chargé de former un gouvernement de coalition.
C’est désormais chose faite et la première ministre Kristrún Frostadóttir a annoncé juste avant Noël la composition de son gouvernement, majoritairement féminin, négocié avec des représentant·e·s du Parti de la Réforme (centre-droite) et du Parti du Peuple (créé en 2016, coutumier des sorties xénophobes et dont des députés se sont distingués en tenant des propos sexistes dans un bar en 2018 – ils avaient été exclus suite au scandale médiatique). La stabilité n’est donc pas garantie.
Lors de ces élections, le Parti Pirate et le Mouvement des verts et de gauche ont perdu tous leurs sièges, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour la politique sociale du pays et la protection de l’environnement qui compte quelques sujets chauds : ré-autorisation de la chasse à la baleine malgré les traités internationaux, l’opposition d’une majorité d’Islandais·es et le rapport des autorités vétérinaires du pays ; implantation d’usines à saumon qui ont déjà provoqué des catastrophes écologiques ; implantation de « puits de captation de carbone » à l’efficacité quasi nulle ; impact du surtourisme dans lequel l’île s’est lancée depuis 2008.
Dans le même temps, deux partis d’extrême droite d’obédience libertarienne sont apparus dans le paysage : le mal nommé Parti démocrate dont le leader était un élu du Parti de l’Indépendance et Avenir Responsable ; s’ils n’obtiennent aucun siège, ils ont recueilli à eux deux 2250 voix soit juste au-dessus de 1%.
Autre sujet de débat qui s’annonce corsé : un référendum sur la demande d’adhésion à l’UE en 2027, les europhiles étant désormais majoritaires au parlement (auquel cas il faudra laisser les baleines tranquilles).
Photo (Hélène Tourbine) : Þingvellir, lieu de rassemblement parlement islandais, l'Alþing, fondé en 930.